On a dîné aux « Vagues » de calamar à la plancha. Non! Le calamar,
c’était pour moi! Toi tu as pris la côte de bœuf. La viande tu aimes ça. Bleue. L'odeur du sang et de la corrida qui, tu le sais, n'est pas ma tasse de thé. « Les vagues », ce
restaurant me rappela le titre d’un célèbre roman de Virginia Woolf.
J’étais partie dedans alors que tes amis tenaient des propos de troisième mi-temps, qui ne me fâchèrent même pas. J’étais ailleurs.
Finalement assez loin de toi. Je regardais les vagues mourir sur le
rivage juste en dessous de moi. Je contemplais la mer noire, son écume
blanche qui me rongeait jusqu’à la moelle. J'avais froid. De temps en temps tu me
souriais. Tu étais prévenant. Un peu fier de moi. Tu as posé ta veste sur mes épaules. J’étais à la hauteur
de tes attentes.
Puis le lendemain nous prendrons l’autoroute, et
l’accélération fulgurante de ta voiture de sport. Le bruit du moteur, le
vent, la vitesse et toi au volant. Je me laisse conduire, avec plaisir.
En songeant à la mort. Oui bien sûr, durant tout le trajet je pense à
la mort, calée sur mon siège baquet, je n’en perds pas une lampée. Le
paysage défile le long de la décapotable. A cause du vent et de la
vitesse on ne peut se parler. D’ailleurs je comprends qu’il n’y a rien à
dire. Les montagnes du pays basque s’étirent, la route en lacets. J’ai
l’aile droite en ligne de mire, un œil dans le rétroviseur. Je n’ai pas
peur. Pire, j’aimerais mourir. Les cheveux au vent, la tête dedans. Toi à
mes côtés. Pourvoyeur de ma mort. Ta conduite est assurée. Je n’en ai
jamais douté. C’est pour ça que je t’aime. Oui je t’aime, à ce moment-là
je t’aime très fort.
Victoria
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire