Je
voulais être paysan pour connaître janvier qui nous aidera à déterminer, à
décider sous la plus belle constellation du ciel : les Pléiades,
Aldébaran, les Mages et Sirius,
Je
voulais être paysan pour connaître février et sa morsure tenace qui nous
dit que l’hiver n’est pas fini et se moque bien des premières fleurs du vaillant
amandier, sous l’œil effrayé du rouge-gorge dont le territoire est envahi par
les oiseaux du jardin venus demander leur part de graines,
Je
voulais être paysan pour connaître mars et son parterre éclatant de l’or du
pissenlit qui appelle le printemps, pour savourer l’équinoxe qui revient
partager nos jours et nos nuits. C’est le signe pour la grive de reprendre son
envol vers le Nord, accompagnée du pinson,
Je
voulais être paysan pour connaître avril et son océan de fleurs, ses
bourdonnements d’abeilles et sa multitude d’arbres qui se bousculent pour avoir
la plus belle livrée. Pour s’émerveiller du cri de l’hirondelle qui revient apportant
sa joie dans la remise,
Je
voulais être paysan pour connaître mai et la douceur qui revient. C’est le
chant du rossignol, le murmure de l’onde sortie de la source qui nous raconte
son voyage extraordinaire depuis les glaciers, les nuages, les océans et arrive enfin entre nos mains jointes pour
étancher notre soif,
Je
voulais être paysan pour connaître juin et redouter sa grêle soudaine qui meurtrit,
saccage et s’en va aussitôt. Pour connaître l’apogée du soleil en son point
culminant de la St-Jean qui fait brûler son feu que sautent les enfants,
Je
voulais être paysan pour connaître juillet, nous protéger de ses rayons de
soleil brûlants, accepter sa chaleur écrasante et recevoir les premiers cadeaux
de nos arbres en écoutant les derniers notes du rossignol qui s’en va,
Je
voulais être paysan pour connaître août et admirer la splendeur de l’arbre et
de ses bourgeons qui murmurent leur promesse pour l’année suivante, pour
attendre l’orage qui nous dira que l’été s’enfuit,
Je
voulais être paysan pour connaître septembre et savourer le partage de nos
fruits. Pour reconnaître le gobe-mouche qui fait escale au verger et virevolte
à la poursuite d’un papillon. Pour connaître à nouveau le partage du jour et de
la nuit,
Je
voulais être paysan pour connaître octobre et m’émerveiller des fils de la
Vierge qui tapissent la terre et les champs, fils de lumière qui enchantent le
paysage. Pour entendre la première grive qui nous accompagnera tout l’hiver de
son ramage. Pour deviner l’imminente arrivée de la pluie et son infini cortège de
nuages,
Je
voulais être paysan pour connaître novembre et caresser la terre amoureuse
prête à recevoir les semences,
Je
voulais être paysan pour connaître décembre, regarder les flammes embraser le
bois de l’arbre qui nous a nourri si longtemps et nous accompagne encore en
réchauffant notre cœur et notre corps. Pour connaître ses nuits longues et
étoilées.
Je
voulais être paysan pour aimer et donner ce que j’ai reçu.
Patrice
Reynaud
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