Je me rappelle, la flanelle de ses costumes, et ce que je sentais
frétiller sous ce tissu si léger. Je me rappelle que j’aimais le voir ôter ses boutons de
manchettes, comme une femme ses boucles d’oreilles. Et desserrer sa
cravate, ce nœud qu’il portait à son cou et par lequel j’aimais le
pendre avant de l’en délivrer totalement. Les boutons de sa chemise que
je faisais sauter un à un. Et ce grand capharnaüm de vêtements
enchevêtrés au pied du lit, comme nous l’étions une fois que nous les
avions abandonnés à une sauvage volupté. Il s'ensuivait une lutte comme désespérée, avant un abandon, une défaite savourée. Puis il cherchait sur la table de chevet sa cigarette dont il m'offrait la première bouffée. Une fois la chose consumée crue, il filait sous la douche, me laissant désemparée et nue, avant de me flanquer sur la bouche un baiser parfumé d'odeur de mousse à barbe de supermarché, et de claquer la porte sur l'amour ravagé.
C’est à peu près tout ce dont je me rappelle de lui, aujourd’hui.
Jeanne Imbert
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