Des joutes d'amour pour le Jour de Joutes

Bonjour aux amoureux des belles lettres,

Nous publions ici les réponses à des lettres datant de 1939, trouvées près du canal d'Arles à Bouc, et signées d'un Pierre.
Ces réponses fictives ont été rédigées par Brigitte Curdel.
Elles furent prétexte à un concours de lettres, poèmes et mots d'amour, reçus dans le cadre des "Joutes d'Amour" des Territoires Poétiques, qui avaient lieu en juin 2013.

vendredi 31 mai 2013

L'oiseau



L’oiseau a déchiré le ciel
 avant de disparaître
 et je cherche à recoudre
 les mots de son désir.

H.H.

jeudi 30 mai 2013

L'ombre et l'amour jouent à cache-cache



à ma fenêtre matin
revenant de l'ombre à la lumière
chat tranchant comme lames
joue contre joue
soleil d'or
enfant sage et espiègle
amour vache ou miel

ces lames d'acier, grilles rouges
fleurs fanées évasées chapeautées
une vitre sépare
autant de souvenirs
dont je m'inspire pour écrire
masculin-féminin conjugués
dans les formes les plus claires de la pensée

L. S.

Paresseux



mon amoureux
n'a pas bougé
d'un poil

Rémi 

Et va bien mon amour!



Ces ciseaux d’angle
Que sont tes jambes
j’y jouissais, tu jouissais, bien nous en jouîmes
Et pourtant ces moments, harmonie ou abîme
Il fallut les payer
Prix du bonheur avant, après

Alors, amie, racontons par répit nos amours
Comme ces complaintes qui embellissent, des vieux
Les retraites ancestrales, Philémon et Baucis
Tu es ma mère, je suis ton fils
Je suis ta femme, tu es ton âme

Je t’aime
Comme jamais j’ai aimé autant
Mais fous l’camp
Et va bien mon amour !

Paul Milleroi

L'haussière revient de loin



L'haussière longtemps joua à cache-tampon
 cherchant un mouchoir pour s'assoir
 comme dans un court-métrage
 sur la belle enfance passage
 L'haussière avait trouvé un bouc
 émissaire genre grand pont
 qui l'enserra dans son pressoir
 la cantonnant dans un souk
 Empêtrée dans l'étrive ramage
 l'haussière chercha renfort
 en corridor son cri fut entendu
 accourus en Marcel velus
 les lamaneurs la libérèrent de l'étrave
 Dans la nuit le giorno se leva ostensoir
 mais l'haussière avait oublié nue
 que les rats par elle s'étaient glissés
 que le gerfaut sur elle se penchait
 et la gerce la gagnait

 A la peste elle était condamnée...
 Reprenant ses esprits malmenés
 vite elle se débarrassa de ses attributs
 grâce à toute l'eau qu'elle avait bue
 Remise à flot d'un seul coup de molette
 l'haussière regagna le bateau avec toute sa tête
 Elle vit sur le quai gigoter le géronte
 auquel gibbosité ne faisait pas honte
 Elle se confondit en imprécations
 "croque-mitaine, croque-mort, vieux croûton
 que le diable t'étreigne
 comme ta folle teigne !"
 Puis s'épargna les jurons
 Elle jouait juste à cache-tampon

Anastasie  Lossouarn