Je ne connais ni ton visage, ni ta voix, ni la texture de ta peau. Je ne te connais pas. Ou peut-être que je te connais déjà mais que je ne sais pas que c'est toi.
Je pense
souvent à toi. Je me demande ce que tu fais en ce moment, à qui tu parles, qui
tu regardes. Je me demande ce que tu lis et ce que tu écoutes, ce que tu
chantonnes sous la douche, à quelle température tu préfères que l'eau coule sur
ton corps, ce que tu portes. Je me demande si tu bois un café le matin. Je me
demande si tu aimes aller au cinéma. Je me demande quel journal tu feuillettes.
Je me demande pour qui tu votes. Je me demande si tu aimes danser pendant les
concerts. Je me demande si tu fumes et quelle est la bière que tu préfères. Je
me demande si tu oses tenir une main dans la rue ou si tu remets en place de
temps en temps une mèche de cheveux qui vole. Je me demande si toi aussi tu
penses à moi.
Je t'espère
parfois quand la nuit est longue et seule. Je t'espère parce que la chaleur
contre moi me manque, parce que serrer un corps me manque, parce qu'embrasser
me manque. Je t'espère parce que la nuit est lente quand on ne dort pas et que
je voudrais une main posée sur mon ventre, un souffle ressenti sur ma nuque,
une jambe qui se pose contre la mienne. Je t'espère parce qu'aujourd'hui je
connais mieux mon corps et que je sais ce qui est bon pour lui. Je t'espère
parce qu'aujourd'hui j'ai envie de connaître ton corps moi aussi.
Je voudrais
te dire que si tu décides de m'aimer, il te faudra être patient. Parce qu'on
m'a fait beaucoup de mal et que je suis devenue méfiante. Parce que j'ai peur
de souffrir encore et que j'apprends à me protéger mieux. Parce que j'ai trop
accordé ma confiance et que désormais il va te falloir la gagner. Je ne te
mettrai pas à l'épreuve, je ne sais pas faire ça, mais cela prendra du temps
pour que je me laisse aller, comme avant.
Je voudrais
te dire qu'il faudra me prendre comme je suis et que je ne changerai pas. Que
j'ai des enfants dans mes bagages et qu'ils comptent au-delà de ce que tu
imagines. Que j'ai des amies qui occupent une place immense et qu'il faudra
bien que tu fasses avec. Que souvent j'ai besoin d'être seule, que j'écris des
choses qui n'ont de sens qu'à mes yeux mais que ça compte beaucoup. Que sans
musique je meurs. Que mon coeur n'est plus en sucre et qu'il te faudra en
prendre soin.
Je peux te
promettre que si tu es patient, que si tu prends des précautions à mon égard,
que si tu es courageux et franc, que si tu crois que cela en vaut la peine, tu
ne seras pas déçu. Parce que je saurai t'aimer sans limites. Parce que je n'ai
plus rien à perdre, j'ai déjà tant perdu. Parce qu'aujourd'hui je sais comme le
bonheur est fugace et fragile et que je ferai tout pour qu'il ne s'échappe
plus. Parce que je crois que c'est immense tout ce que nous avons à vivre
ensemble.
Je peux te
promettre qu'il y aura des rires aux éclats, qu'il y aura des escapades folles,
qu'il y aura nos coeurs palpitants, qu'il y aura des moments moins faciles mais
qu'on les dépassera, qu'il y aura du désir et qu'on entretiendra la flamme,
qu'il y aura des moments que nous n'oublierons pas.
Tu peux
prendre ton temps pour sonner à ma porte. Je ne suis pas prête à t'ouvrir
encore je crois. Pour le moment, je recolle un peu les morceaux de ma vie, de
mieux en mieux, je reprends tournure. Je réapprends à me trouver jolie. Je
réapprends à croire en moi. Mais je dois réparer tout ça avant de te rencontrer
tu comprends, sinon on se cassera la gueule et je n'en ai pas envie. J'ai envie
de nous, quand je serai prête pour nous.
Quand tu
liras cette lettre, je sais que tu la comprendras. Tu n'es pas n'importe qui
pour moi. Tu es l'homme qui viendra. Tu es l'homme qui posera ta main sur ma
joue. Tu es l'homme qui verra celle que je suis, là, pour de vrai. Et ce sera
beau, crois-moi.
Je
t'embrasse,
Lisa